Première game jam à Vevey !

Pourquoi est-il si important d’y participer et retour d’expérience.

Benjamin Vurlod

Benjamin Vurlod

Interactive Media Designer

Chez Digital Kingdom, nous nous sommes posés comme condition de participer à au moins deux game jam* par année. Alors après une semaine de travail bien chargée, pourquoi s’enfermer à nouveau durant un week-end complet pour créer un jeu ? Surtout que la plupart du temps, le projet n’est pas concrétisé et qu’il n’y a rien à gagner à la clé.

En tant que représentants du jeu vidéo veveysan, nous étions presque obligés de participer à la première game jam organisée à Vevey, mais  tout de même… En lisant cet article, vous comprendrez mieux pourquoi ces évènements sont importants à nos yeux.

*création d’un jeu dans un temps limité (24-48h)

Il est important d’avoir des rôles clairs avant de commencer un projet afin d'anticiper des situations où personne ne tranche.

Nous avons participé dernièrement à une game jam soutenue par Pro Helvetia, à l’espace de coworking TheWorkHub à Vevey. Organisée par des personnes motivées, l’idée était de proposer une game jam plus zen, centrée sur l’humain et le concepteur avant la création. Effectivement, quand on sait que le principe d’une game jam est la création d’un jeu vidéo en 48 heures sur un thème donné, on peut aisément comprendre que ce n’est en général pas zen du tout.

Le thème “A drop in the ocean” est donné à 18 heures. Nous avons à présent deux jours à disposition pour réaliser un jeu. Nous nous lançons alors dans un premier travail de génération d’idées et de mécaniques de jeu. À ce stade tout se passe sur le papier. Nous devons être suffisamment sûrs et souples à la fois. En effet, quand on commence à prototyper sur ordinateur, les choses changent et évoluent. Cette première phase occupe une partie de notre soirée du vendredi, mais très vite nous partons dans de la création de contenu avec une première idée solide. Le climat de travail est agréable, il y a de la place dans les anciens bureaux de Nestlé. Du silence, une lumière tamisée et beaucoup de pluie qui tape sur le toit. Des conditions idéales pour développer un jeu vidéo. Cerise sur le gâteau, les organisateurs préparent des repas sains et proposent de rapides séances de méditation.

Tout se déroule à merveille, il faut dire que nous avons une revanche à prendre car notre dernière game jam (orbital game jam 2020 à l’EPFL) s’est plutôt très mal terminée. Hé oui, quand on a 24 heures pour créer un jeu de A à Z, un mauvais choix ou une erreur de gestion peuvent s’avérer extrêmement punitifs pour le projet. Fun fact : Nous avions un article sur le sujet mais la publication est partie aux oubliettes durant la période du confinement et ce n’est pas plus mal 😉

Samedi soir après une journée « zen » de 17 heures de travail, nous nous retrouvons face à un noeud dans la conception du jeu. Tous les éléments sont en place, cependant il faut ajuster des éléments, peut-être en supprimer d’autres. C’est là que les avis se multiplient et que des propositions différentes sortent. Il faudra donc trier les idées, faire des tests et pivoter tout un projet le dimanche matin après une grosse journée de job. C’est le genre de choses qui peuvent être fatales à un projet. L’équipe s’en remet donc à Basile pour prendre les décisions de game design.

Après environ 30 heures de travail sur 48 (on a dormi un peu quand même), nous sortons DROP, sur le thème “A drop in the ocean”. Nous sommes très contents d’avoir un projet fonctionnel avec un niveau de finition plutôt bon. On estime donc avoir pris notre revanche sur le fiasco de notre précédente game jam !

Dans mon entourage, quand je dis que je participe à une game jam tout un weekend, on me demande souvent ce que l’on y gagne réellement. C’est quoi le prix du premier ? Et quand je dis qu’il n’y en a pas, on me dit souvent « mais vous êtes malades ! » ou à l’inverse « ça se voit que vous êtes passionnés ». Nous sommes passionnés. Malades, je ne sais pas. Ce qui est certain c’est que l’on gagne en expérience en testant de nouveaux outils. Il faut être ingénieux, faire des choix efficaces et rapides, faire confiance à sa team. On doit gérer son temps avec précision, organiser son travail pour ne pas bloquer les autres, abandonner des idées. On se fait bousculer par le projet et le temps. Au final, c’est l’équivalent de six mois d’expérience professionnelle et humaine condensée en 48 heures, mais sans aucune conséquence en cas d’échec hormis un peu de fatigue et de déception. Pour Digital Kingdom et pour moi à titre personnel, ces événements sont indispensables afin de devenir meilleur dans notre métier. Voilà ce que l’on gagne réellement en faisant des game jam.