Qui es-tu ? Comment te décrirait-on en 3 mots ? 🙂
Méthodique, persévérant, anxieux (mais j’y travaille)
Quelle est ta formation/ton parcours professionnel ?
J’ai fait mon Bachelor et Master en informatique à l’EPFL. J’ai suivi avec de petites expériences dans le jeu : un stage à Ubisoft à Montréal, puis un projet de mandat avec Benjamin et Olivier sous le label Digital Kingdom. C’est à la suite de ce mandat que Digital Kingdom Sàrl a été fondée. J’ai également travaillé comme développeur dans d’autres domaines que le jeu. Mais quelque soit mon emploi, j’aime pouvoir visualiser un résultat et savoir que quelqu’un apprécie ce que je crée.
Programmer, c’est quoi au juste ? :O
C’est toujours plus difficile à expliquer, surtout si l’on vulgarise… D’un côté, on peut imaginer une définition plutôt technique : programmer, c’est donner des instructions à un ordinateur. C’est un peu comme écrire une recette de cuisine : on donne des étapes détaillées pas à pas et l’ordinateur “cuisine” la recette. Cela demande de la rigueur, car un simple caractère erroné et l’ordinateur ne comprendra plus la recette. Mais je trouve que cette définition passe à côté d’un aspect au moins aussi important.
Programmer, c’est aussi écrire les instructions pour les autres développeurs qui participent ou participeront au projet. Il faut que le code soit lisible et surtout bien agencé (on parle de “l’architecture” du code). Notre recette de cuisine peut faire des millions de lignes. Il faut s’y retrouver. Un code mal architecturé rend le travail plus difficile et est donc favorable à l’apparition de bugs. Cette partie du travail demande de la créativité et une bonne communication au sein de l’équipe. C’est une chose qu’on ignore souvent lorsqu’on parle de ce métier.
Ton métier de rêve étant petit ? 🙂
Ca dépend à quel point petit… A 4 ans, je voulais être pasteur ou pianiste, mais c’était pour faire comme mon père. Puis au fil des années, j’ai compris que je travaillerais dans un domaine scientifique ou mathématique. Ado, j’ai commencé à m’intéresser à l’informatique et à voir le métier de créateur de jeu comme mon métier de rêve. A l’époque, je voyais ça comme un seul métier incluant le graphisme, la 3d, le développement et le scénario… Alors j’ai continué mes études en m’orientant sur le développement software, sans forcément viser à faire des jeux. Finalement, j’ai quand même fini par en faire, mais mon métier ne ressemble pas du tout à ce que j’imaginais à l’époque !
Ton dernier coup de coeur vidéoludique ? :O
Sea of Thieves. Dernièrement, je joue moins en solo. Sea of thieves et un jeu étonnamment social. On joue entre amis en communiquant par micro, et le jeu ayant beaucoup de phases calmes, on discute de tout et de rien. C’est une nouvelle façon de jouer pour moi !
Là où l'on sent le lien avec le plaisir du joueur, c’est quand le jeu prend forme et que l’on commence à avoir du plaisir à le tester !
Un jeu que tu aurais aimé inventer ? Pourquoi ?
Je ne sais pas si j’aurais réellement voulu en inventer… Finalement, je crois que ce qui me fait dire “j’aurais voulu penser à cela”, c’est lorsque je tombe sur un élément de gameplay inattendu et intelligent ! Je vois deux exemples:
- ScreenCheat, où les joueurs sont invisibles et utilisent le split screen pour repérer les positions des autres joueurs, comme on faisait sur les premiers FPS en multijoueurs. Ca a aussi inspiré Stéphane, qui en a tiré le concept pour Invisiballs (on peut donc aussi dire que j’aurais aimé inventé Invisiballs!!)
- Baba Is You, qui est sorti en 2019. Au départ je me suis dit “ah ouais, je vois le style”… Puis je me suis rendu compte que non! Tout le jeu est basé autour d’un puzzle game bien connu, mais dont on a changé les règles et ca le rend unique. Je ne veux pas en dire plus, juste pour laisser le plaisir de le découvrir à ceux qui aiment les puzzle games.
Le jeu qui t’a le plus challengé ? Pourquoi ?
V-Rally sur Nintendo 64 me vient en premier en tête. Je voulais toujours être premier partout, mais parfois le jeu plantait parfois juste à la fin d’une course et il fallait tout recommencer…
Le fun est-il le même quand on est créateur de jeu-vidéo et quand on est joueur ?
Pas vraiment. Créer un jeu, c’est un travail qui comporte beaucoup de phases qui n’ont rien à voir avec le jeu. En programmation, il faudra gérer de la sauvegarde de données, un accès internet, un module de traduction… Le game designer met sur papier des règles et une documentation. Le lead artist fait des recherches et crée un univers graphique. Il y a beaucoup de choses à coordonner. C’est d’ailleurs peut-être ça qui est le plus ludique: c’est un peu comme résoudre une énigme ou un puzzle. On sait plus ou moins à quoi on veut arriver, mais il faut réussir à placer toutes les pièces de façon cohérente, ce qui implique souvent de résoudre des problèmes, dans chacun de ces domaines.
Là où l’on sent le lien avec le plaisir du joueur, c’est lorsque le jeu prend forme et que l’on commence à avoir du plaisir à le tester ! C’est aussi pour cela qu’il vaut mieux aimer les jeux pour en faire: pour pouvoir prendre le point de vue du joueur, être critique avec son travail, et surtout pouvoir l’apprécier quand il est bien fait.
Des conseils à donner à de jeunes ambitieux.ses souhaitant se lancer dans la création du jeu vidéo ?
Commencez avec un petit projet ! Faire un jeu, c’est long, surtout lorsqu’on est seul-e ou peu. Le premier jeu ne sera surement pas le meilleur, inutile de passer des années dessus, le but c’est d’apprendre et progresser. Alors on commence petit. C’est tout.
Attention, faire un jeu, c’est également plusieurs métiers en même temps. Cela sera dur de tout faire seul.